Les athlètes de l'IUT - Adèle Brosse, championne d'aviron
À l'approche des Jeux Olympiques de Paris, nous souhaitions mettre en avant nos diplômé.e.s et étudiant.e.s qui ont su allier études et carrière sportive de haut niveau. Aujourd'hui, nous avons le plaisir de rencontrer Adèle Brosse, une ancienne étudiante de l'IUT et championne d'aviron. Plongez dans son parcours inspirant et ses souvenirs de l'IUT.
L'Entretien
Adèle Brosse : Tout a vraiment commencé quand j’ai déménagé sur Nantes en première pour intégrer le lycée du Cens, qui propose des horaires aménagés pour les sportifs de haut niveau. Mon intérêt pour les énergies m'a conduit à choisir le DUT Génie Thermique et Énergie (GTE) à l'IUT de Nantes. C'était parfait car la formation me permettait d'avoir un emploi du temps flexible pour continuer l'aviron à un haut niveau.
Comment êtes-vous « tombée » dans l’aviron ?
Adèle Brosse : À la base je faisais de l’équitation ! Rien à voir ! Je suis arrivée dans l’aviron complètement par hasard. En fait, je voulais faire du kayak le mercredi après-midi, j’étais à Dinan à l’époque. Je me suis rendue sur un forum des associations et mon futur entraîneur, je ne le savais pas encore, m’a repéré car j’étais grande et c’est un atout pour l’aviron. Et c’est comme ça que j’ai commencé ! Ce que j’aimais beaucoup c’était l’ambiance du club, c’était une vraie famille. Mon coach était très axé compétition et de fil en aiguille je me suis retrouvée en équipe régionale puis nationale, c’était assez naturel en fait.
À la base je faisais de l’équitation ! Rien à voir ! Je suis arrivée dans l’aviron complètement par hasard.
Quel souvenir gardez-vous de vos années à l'IUT en tant que sportive de haut niveau ?
Adèle Brosse : Le parcours était exigeant. J'ai étalé mes études sur trois ans au lieu de deux, ce qui est assez courant pour les sportifs de haut niveau. L'encadrement à l'IUT était fantastique. Les professeurs étaient très compréhensifs et flexibles avec mon emploi du temps. Ils ont même organisé des cours particuliers pour m'aider à rattraper les sessions manquées à cause des compétitions et je pouvais passer mes examens en décalé quand c’était nécessaire.
Jongler entre ses études, sa vie personnelle et la pratique d'un sport à haut niveau, ça ne doit pas être simple ! Comment avez-vous réussi ce tour de force ?
Adèle Brosse : J’ai ramé, c'est le cas de le dire ! J’étais en première et deuxième année en même temps, ce n'était pas simple, j’étais des fois en décalé, je changeais de groupe souvent... J’ai eu 9,98 de moyenne à mon premier semestre je m‘en souviens ! Mais je garde un super souvenir, la formation était vraiment bien. Pour ce qui est de la vie étudiante, c’est le petit truc qui a pu me manquer, lorsque tu es sportif de haut niveau et que tu fais aussi tes études les loisirs et les sorties sont largement relégués au second plan. Moi j’arrivais en cours après m’être entraînée, qu’il neige ou qu’il vente à 7h j’étais sur l’eau et quand je finissais ma journée d’études, je repartais en entraînement bien souvent et cela tous les jours même le week-end !
La vraie vie étudiante comme les autres de ma promo, je ne l’ai pas eu mais j’ai vécu d’autres choses, ma vie à moi c’était l’aviron !
Qu'est-ce qui vous a le plus aidé au final durant cette période ?
Ce qui me revient surtout, c'est le soutien des professeurs, je ne peux pas en citer qu'un, il faudrait tous les citer, vraiment ! Leur implication a vraiment fait la différence. Ils n'étaient pas seulement des enseignants, mais aussi des mentors qui m'ont aidée à concilier sport et études. Par exemple, je me souviens d'une période particulièrement stressante avec un championnat important et des examens. Les professeurs ont ajusté les dates d'examen pour m'accommoder, ce qui était vraiment précieux. Ils me suivaient de près me demandaient comment s’étaient passées mes compétitions même après mon départ de l’IUT.
Qu'avez-vous fait après avoir obtenu votre DUT ?
Adèle Brosse : J'ai poursuivi avec une licence professionnelle en Performance Énergétique et Génie Climatique. Maintenant, je travaille comme dessinatrice projetrice en CVC (Chauffage, Ventilation et Climatisation) et électricité dans un bureau d'études à Paris, avec mon équipe nous sommes les architectes du bâtiment mais du point de vue technique. Cette opportunité m'a permis de rejoindre l'INSEP pour continuer à m'entraîner en aviron, même si j'ai dû arrêter par la suite pour me concentrer sur ma carrière professionnelle. Ce qui était top c’est que je suis tombée sur un patron qui était sensible au sport et qui a accepté le fait d’embaucher une personne qui ne serait pas toujours disponible !
Comment ça se passe concrètement d’être une athlète de haut niveau et une salariée dans une entreprise ?
J’avais un contrat de 10h mais j’étais payée à temps plein, la fédération prenait en charge une partie de mon salaire. Je voulais rester dans le monde du travail, c’était très important pour moi je voulais garder un pied dans la vraie vie. Mes collègues me soutenaient beaucoup, c’était vraiment cool.
Y a t-il des softskills communs nécessaires dans votre sport et votre travail ?
Adèle Brosse : Je ne suis pas une surdouée mais je suis hyper disciplinée et ça c’est quelque chose que m’a appris le sport, je suis quelqu’un d’efficace et de rigoureux, c’est le sport qui m’a apporté cela. Savoir faire équipe, communiquer, avoir du feedback, ce sont des choses essentielles dans le sport comme dans ma vie professionnelle aujourd’hui.
Vous êtes désormais sortie du circuit de l'aviron à haut niveau, qu'est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?
Adèle Brosse : Jongler entre un emploi à plein temps et des entraînements intensifs est devenu très difficile. À un moment donné, il fallait faire un choix pour ne pas compromettre ma carrière. L'aviron restera une super période de ma vie, mais ma priorité est désormais de bâtir une carrière dans le domaine de l'énergie.
L’aviron c’est génial mais il faut être un peu maboul, c’est un sport super exigeant !
Qu’est-ce que ça fait d’être une championne ?
Ma première fois en compétition internationale, c’est un souvenir incroyable. C'était au championnat d’Europe en République Tchèque, j’y ai rencontré une coéquipière qui est devenue l'une de mes meilleures amies. Nous étions hyper dépendantes l'une de l'autre car nous ramions à deux et quand nous avons passé la ligne d'arrivée on ne savait pas si nous étions 2e ou 4e, c'est dire à quel point la course était serrée !
L’état d’esprit d’un.e champion.ne c'est quoi pour vous ?
Adèle Brosse : Moi je pense qu’il n’y a pas vraiment d'état d'esprit, je crois surtout qu’il faut savoir jouer avec ses forces et ses faiblesses. Un champion c’est quelqu’un de discipliné dans son sport, dans son hygiène de vie. Il n’y a pas de recette type de champion ! Il y a des prédispositions physiques mais c’est surtout le travail qui fait la différence. Bon il y a aussi ceux qui ont un talent naturel c'est certain !
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de l'IUT qui souhaitent suivre un double parcours en sport de haut niveau et en études ?
Adèle Brosse : Foncez ! N’ayez pas peur d’en discuter avec les profs, faites fonctionner votre réseau, lancez-vous ! C’est un projet fou mais vous ne pourrez pas le remettre à plus tard. La famille, l’entourage c’est important aussi. La clé, c'est l'organisation et la communication. Et surtout, il faut être passionné par ce que l'on fait, que ce soit dans le sport ou les études. Les deux peuvent se compléter et enrichir votre vie.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
Adèle Brosse : Évoluer dans mon métier. Et que mon corps continue à récupérer ! Pendant 10 ans je n’ai fait que de l’aviron et j’ai mis plus de neuf mois à retrouver un corps qui n’était pas fatigué. Je me verrais bien monter ma boîte aussi dans un futur à moyen long terme. L’aviron c’est génial mais il faut être un peu maboul, c’est un sport super exigeant !
Un grand merci à Adèle Brosse pour cet entretien inspirant et authentique !
Les podiums d'Adèle
- 2020 : Médaille d'or en quatre de pointe avec barreuse (W4+) aux championnats d'Europe des moins de 23 ans à Duisbourg (Allemagne)
- 2019 : Médaille d'argent en huit de pointe avec barreuse (W8+) aux championnats d'Europe des moins de 23 ans à Ionnina (Allemagne)
Médaille d'argent en quatre de pointe avec barreuse (W4+) aux championnats du monde des moins de 23 ans à Sarasota (États-Unis) - 2015 : Médaille d'argent en deux de pointe sans barreuse (W2-) aux championnats d'Europe junior à Racice (République tchèque)
Devenir étudiant.e sportif de haut niveau
- En savoir plus sur les démarches pour obtenir le statut étudiant sportif de haut niveau.
Zoom sur les JO de Paris
LES ATHLÈTES FRANÇAIS.E.S SÉLECTIONNÉ.E.S EN AVIRON POUR LES JEUX OLYMPIQUES 2024 :
- Claire BOVÉ Deux de couple poids léger (F)
- Laura TARANTOLA Deux de couple poids léger (F)
- Matthieu ANDRODIAS Deux de couple (H)
- Hugo BOUCHERON Deux de couple (H)
- Hugo BEUREY Deux de couple poids léger (H)
- Ferdinand LUDWIG Deux de couple poids léger (H)
- Benoît BRUNET Quatre sans barreur (H)
- Téo RAYET Quatre sans barreur (H)
- Guillaume TURLAN Quatre sans barreur (H)
- Thibaud TURLAN Quatre sans barreur (H)
- Valentin ONFROY Quatre sans barreur (H) - Remplaçant
- Emma LUNATTI Deux de couple (F)
- Elodie RAVERA-SCARAMOZZINO Deux de couple (F) >> Élodie est une diplômée de la formation GEA de l'IUT de Nantes, quand on vous dit qu'il y a un vivier de champion.ne.s à l'IUT !